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Le rapprochement entre la FAO et le lobby des pesticides inquiète scientifiques et ONG

L’agence onusienne a signé une « lettre d’intention » formalisant un rapprochement stratégique avec CropLife, l’association qui représente les principaux fabricants de pesticides dans le monde.

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Publié le 20 novembre 2020 à 20h19, modifié le 22 novembre 2020 à 16h24

Temps de Lecture 4 min.

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Qu Dongyu, le directeur général de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), lors d’une conférence de presse au siège de la FAO à Rome, le 14 octobre 2019.

L’annonce en octobre de la signature d’une lettre conjointe entre l’Agence des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) et CropLife International (CLI), principale association représentant les intérêts des fabricants de pesticides (Bayer Crop Science, Corteva, Syngenta, BASF), suscite des réactions en cascade. Jeudi 19 novembre, deux courriers ont été remis à la FAO – l’un signé par près de 300 scientifiques et universitaires, l’autre par 350 organisations de la société civile –, demandant à l’agence onusienne de renoncer à se rapprocher de CropLife. Les deux lettres sont adressées au directeur général de la FAO, Qu Dongyu, élu en juin 2019 à la tête de l’organisation.

« Votre proposition de renforcer la collaboration entre la FAO et CropLife mine la politique de la FAO pour réduire les risques associés à l’usage de pesticides dans le monde », écrivent les scientifiques dans leur courrier. Selon les auteurs de cette missive – parmi lesquels des agronomes, des professeurs en sciences de l’environnement et en toxicologie, ou encore David Michaels, l’ancien responsable de l’agence américaine pour la santé au travail, OSHA –, ce partenariat représente « un conflit d’intérêts fondamental avec la mission et le mandat des Nations unies pour protéger la biodiversité, soutenir les biens publics et respecter et protéger les droits humains comme le droit à la santé, à un environnement de travail sûr, à un air et à une eau propres ». La lettre des associations, signée notamment par le réseau Pesticide Action Network (PAN), l’Insitute for Agriculture and Trade Policy (IATP) et Les Amis de la Terre, renchérit : une telle collaboration signifierait que « la FAO renonce à son rôle de leader mondial du soutien aux approches agricoles innovantes », selon ses signataires.

« Fortes contradictions »

Le rapprochement entre la FAO et CLI a été annoncé le 2 octobre dans un communiqué de l’agence, mentionnant la signature d’une « lettre d’intention » qui « renouvelle et renforce leur engagement à travailler ensemble et à trouver des façons de transformer les systèmes agroalimentaires ». Il y est également indiqué que le directeur de la FAO s’est exprimé par vidéo lors du conseil d’administration de CropLife, une « première ». Dans une communication du 19 octobre, CLI se félicite de ce rapprochement et du « partage d’objectifs communs » entre les deux entités.

Responsable du programme de gestion des pesticides de la FAO de 2005 à 2017, le Britannique Mark Davis est pour sa part très inquiet, et l’a fait savoir dans un courriel adressé à Qu Dongyu, le 9 octobre. Fin connaisseur du fonctionnement de l’agence internationale, M. Davis, aujourd’hui consultant indépendant, précise au Monde : « CropLife est une organisation très active dans toutes les instances de la FAO auxquelles elle est invitée à prendre part, comme par exemple le Comité pour la sécurité alimentaire, qui regroupe plusieurs parties prenantes [Etats, ONG, entreprises privées…]. Il arrive très régulièrement qu’elle se rapproche des hauts responsables pour tenter de formaliser un accord, mais, jusqu’à présent, le seul engagement formel entre les deux institutions portait sur un programme très spécifique d’élimination des stocks de pesticides obsolètes, un processus complexe et coûteux qui a nécessité la mise en place d’un fonds spécifique. »

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