Numéros d’urgence en panne : une enquête ouverte après le décès d'un homme

Les 15, 17, 18 et 112 notamment ont subi des pannes importantes mercredi soir. Le réseau est rétabli. Olivier Véran évoque « 3 à 4 » suspicions de décès.

Par (avec AFP)

Temps de lecture : 7 min

Le 15, le 17, le 18, ou encore le 112 ont été touchés par un important dysfonctionnement. Un problème technique chez Orange perturbait mercredi soir des numéros de téléphone fixes, dont de nombreux centres d'appels d'urgence, injoignables toute la soirée à travers la France. « Un incident technique sur un routeur perturbe fortement la VOIP, les appels par Internet, dans certaines régions », a indiqué à l'Agence France-Presse le service de presse du groupe Orange. L'opérateur a invité les utilisateurs à renouveler leurs appels, éventuellement via un mobile, pour joindre les services d'urgence.

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L'incident affectait de manière « partielle mais significative la réception des appels d'urgence 15/17/18/112 sur l'ensemble du territoire national », a indiqué le ministère de l'Intérieur dans un communiqué. La cellule interministérielle de crise a été activée. Le ministre de la Santé Olivier Véran a indiqué, jeudi, que la cellule de crise restait ouverte « pour identifier les causes de la panne, les mécanismes de recours et ensuite pour faire un bilan sanitaire exhaustif des conséquences ». Les numéros de substitution resteront, eux aussi, ouverts « jusqu'à demain ».

En tout début de matinée jeudi, Orange a finalement annoncé que le réseau avait été rétabli. Un porte-parole de l'opérateur a ainsi précisé qu'il « fonctionne depuis minuit », mais reste « sous surveillance », notamment avec « la montée en charge des prochaines heures ». Le PDG d'Orange, Stéphane Richard, a expliqué à la mi-journée que « l'ensemble du trafic sur les numéros d'urgence est normal sur l'ensemble du territoire national. [...] Par précaution, les numéros de substitution sont maintenus mais la situation est sous contrôle ».

« J'ai des remontées à l'instant de onze régions, ou dix régions, de France dans lesquelles il y a encore des appels parfois aléatoires. Pas du tout dans la même ampleur de ce qui a été perçu hier, mais avec encore des difficultés », a cependant indiqué Olivier Véran, lors d'une visite, jeudi, auprès des équipes du Samu de l'hôpital parisien Necker. 

Emmanuel Macron et son gouvernement « très préoccupés »

Il « est trop tôt pour faire un bilan » de la panne, mais « on est très préoccupés », a déclaré Emmanuel Macron jeudi dans le Lot. « On est en train de faire le bilan. Il y a eu très vite des numéros à 10 chiffres qui ont été mis à disposition et on a rebasculé les numéros sur les départements. C'est trop tôt pour faire un bilan, mais, évidemment, on est très préoccupés », a répondu le chef de l'État à une question d'un habitant lui demandant s'il y avait des décès liés à cette panne, au second jour de son déplacement dans le Lot.

Olivier Véran évoque « trois à quatre » suspicions de décès liées à la panne des numéros d'urgence et promet « un bilan sanitaire exhaustif de toutes les conséquences humaines qui auraient pu faire suite à cette crise ». « Il est trop tôt pour tirer des conclusions, pour faire le lien entre cette panne et ces décès », a-t-il insisté. Et de préciser : « Pour l'instant, nous sommes en train d'avoir des remontées de données. [...] Il y a tous les jours des gens qui décèdent en dehors de l'hôpital ou en y arrivant, de complications dramatiques sans qu'on puisse faire de lien avec des difficultés d'accès au Samu ou aux services d'urgences hospitaliers. »

Le parquet de Vannes a annoncé ouvrir une enquête après la mort d'un homme de 63 ans aux urgences de l'hôpital de Vannes, a-t-il indiqué jeudi à l'Agence France-Presse. « J'ouvre une enquête pour recherche des causes de la mort », a précisé François Touron, procureur de la République de Vannes.

Le Premier ministre, Jean Castex, en déplacement en Tunisie, a appelé jeudi à « tirer toutes les conséquences » de cet incident. « C'est une affaire significative que nous avons prise au sérieux », a expliqué le chef du gouvernement devant des journalistes. « J'ai immédiatement demandé qu'une inspection soit diligentée pour connaître l'origine de cette défaillance », a précisé le Premier ministre, déplorant des « dysfonctionnements graves ».

« Dysfonctionnements graves et inacceptables », selon Darmanin

Gérald Darmanin et Cédric O, secrétaire d'État chargé du Numérique, qui étaient en visite à Tunis, sont rentrés d'urgence à Paris. Le ministre de l'Intérieur présidait jeudi matin une réunion de crise. Le ministre de l'Intérieur a qualifié de « dysfonctionnements graves et inacceptables » la panne survenue chez l'opérateur Orange qui a perturbé les numéros de secours dans toute la France pendant plusieurs heures mercredi soir.

Le PDG d'Orange, Stéphane Richard, a par ailleurs été convoqué au ministère de l'Intérieur pour donner des éclaircissements au gouvernement sur cette panne, a fait savoir Gérald Darmanin. Il a présenté « ses plus vives excuses » aux personnes touchées, sur son compte Twitter. « J'ai rencontré ce matin @GDarmanin et @cedric_o afin de faire le point sur l'incident affectant les appels vers les nums (sic) d'urgence. La situation est maintenant stabilisée. Le Groupe @orange présente ses plus vives excuses à celles et ceux qui ont été touchés ces dernières heures », a-t-il écrit, après sa réunion avec les ministres de l'Intérieur et du Numérique, Gérald Darmanin et Cédric O.

Un incident touchant le réseau fixe

Une personne ayant une « maladie cardiovasculaire […] serait décédée » dans le Morbihan, faute d'avoir « pu joindre les services de secours à temps », a par ailleurs indiqué Gérald Darmanin. Une enquête administrative a été ouverte. « Deux autres accidents cardiovasculaires » ont eu lieu sur l'île de La Réunion, a ajouté le ministre, « mais je ne peux pas dire si le temps [avant l'arrivée des secours, NDLR] a été particulièrement long et s'il est imputable à ce numéro d'urgence ». « Ce qui est sûr, c'est que les personnes ont témoigné qu'elles ont essayé d'appeler plusieurs fois et qu'elles n'ont pas réussi tout de suite à avoir des opérateurs », a-t-il insisté.

Une mauvaise manipulation lors d'une opération de maintenance pourrait être la cause de ces pannes, ce que confirme Olivier Véran, invité du 20 Heures de TF1. Il s'agirait d'une maintenance « organisée par [l'opérateur] Orange qui aurait provoqué des pannes assez aléatoires, avec jusqu'à 30 % de baisse dans certains départements », selon le ministre. « L'incident qui impacte le réseau fixe, notamment les numéros d'urgence, est identifié », a tweeté Orange vers 21 heures. L'opérateur invitait les utilisateurs à renouveler leurs appels, éventuellement via un mobile, pour joindre les services d'urgence ou à utiliser leurs numéros temporaires.

En début de soirée, la préfecture de Corse a annoncé à son tour être touchée, tout comme les marins-pompiers de Marseille. Bouygues Telecom et Altice, la maison mère de SFR, ont également fait état de perturbations. De source proche du dossier, on a exclu tout « piratage » informatique. « Nous n'avons aucun signe qui nous permette de penser qu'il pourrait s'agir d'une attaque externe » a assuré Stéphane Richard, expliquant que « la cause racine » de la panne était « plus probablement une défaillance logicielle dans (les) équipements critiques de réseaux ».

Consulter les comptes officiels de secours

Sur Twitter, la Sécurité civile avait confirmé : « Des difficultés de réception des appels d'#urgence (18/112) sont constatées dans plusieurs départements. Les opérateurs sont mobilisés pour un rapide retour à la normale », tandis que le ministère de l'Intérieur encourageait à suivre « les comptes officiels pour obtenir des informations et numéros de secours locaux ». Selon BFMTV, la direction générale de la police nationale (DGPN) affirmait également avoir des problèmes sur l'ensemble de ses lignes de secours, dont le 17, mais précisait être en mesure de recevoir et prendre en charge un nombre d'appels limité, même en cas de panne.

À LIRE AUSSIEXCLUSIF. Classement des Samu : quand le 15 ne répond pas

Dès 18 heures, des dysfonctionnements massifs ont été signalés aux quatre coins du pays, entraînant de grosses difficultés pour les services de secours. Des numéros d'urgence alternatifs, fixes ou mobiles, ont été mis en place, et diffusés sur les réseaux sociaux par les pouvoirs publics. « Très vite, on a fait un petit tour de France et on a constaté que presque tous les départements étaient touchés », signale François Braun, président du syndicat Samu-Urgences de France et médecin urgentiste. Traditionnellement, « il y a un pic d'appels le soir vers 19 heures », indique François Braun. « On ne sait pas quelles conséquences cette panne aura, c'est encore trop tôt pour le dire. » Le Samu reçoit traditionnellement un appel toutes les secondes au niveau national.

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Commentaires (39)

  • Stan_fr

    Si ce n'était pas aussi triste et scandaleux, on pourrait dire qu'avant S. Richard était responsable de morts à l’intérieur de F. T. , maintenant il externalise...

    Et dire qu'Orange a été sélectionnée pour l'EuroQCI...

  • Francois28

    Comparez les niveau de qualité de ses concurrents !
    Et si notre gouvernement montrait l exemple en se préoccupant du niveau de service des services publics, au lieu de faire des réunions de crise.

  • TOSAMA

    Je suis désolé mais j'ai autre chose à faire qu'à répondre à tous les commentateurs pour leur expliquer les vulnérabilités de l'architecture que sous-tend l'infrastructure réseaux d'Orange. Mais je suis prêt à offrir mes services contre rémunération à Orange ou aux dits commentateurs.